Arooj Aftab

« La nuit, avoue Arooj Aftab, est ma plus grande source d’inspiration. Par essai ou par intuition, elle a compris que ces moments immobiles de la couverture permettent de manière unique la guérison, le désir, l’abri, l’amour autant d’éléments essentiels de la vie et de l’existence, de la relation intime à l’autre. Peut-être parce que son obscurité lève les inhibitions ou invite à de nouvelles façons d’être, incitant chacun à quitter le jour aussi honnêtement qu’il l’a entamé, la nuit accueille le jeu et la recherche. Il en va de même pour la voix d’Aftab, dont la portée et l’intensité complètent le départ du soleil.

Night Reign (Verve, 2024) est un jardin public parfumé de renouveau, qui éveille les sens à chaque composition, à chaque tour de phrase, à chaque modulation. S’éloignant, sans jamais l’oublier, du chagrin et de la perte qui ont animé son album Vulture Prince (Verve/New Amsterdam, 2021), récompensé par un Grammy Award, Aftab apparaît ici avec une musique originale et sous une autre forme : en tant que barde des possibilités quotidiennes, de la quiétude et de la romance qui change la vie.
Il est tout à fait approprié qu’elle commence Night Reign par un traité sur l’arrivée (« Aey Nehin« ), qui pose la question de savoir quand un amour apparaîtra et ce qui les a retenus si longtemps. Dans et à partir de ce moment d’anticipation inquiète, Aftab joue le rôle de guide dans l’ombre des rêves sombres et des fantasmes lascifs, des fleurs provocantes et des scribes royaux. Certaines de ses nuits sont balayées par la pluie et propres, ouvrant organiquement des chemins vers la clarté ; d’autres ont une faible visibilité et demandent aux auditeurs de suivre sa voix afin de stabiliser leur pied et leur cœur. Dans ce monde, qui sait ce que nous allons rencontrer ou ce à quoi on va nous demander de survivre.