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Biographie

  • Années d'activité

    2004 – aujourd'hui (20 ans)

Jean Sibelius, né le 8 décembre 1865 à Tavastehus, dans le grand-duché de Finlande et mort le 20 septembre 1957 à Järvenpää, près d'Helsinki, est uncompositeur finlandais de musique classique. Il est, avec Johan Ludvig Runeberg, l'un des Finlandais qui symbolisent le mieux la naissance de l'identité nationale finlandaise, bien qu'il soit suédophone1.
Johan Christian Julius Sibelius (Janne pour ses amis et Jean2 en français, pour son activité musicale) naît à Hämeenlinna (Tavastehus en suédois) au nord d'Helsingfors, dans une famille parlant le suédois. En 1870, le tout jeune Jean reçoit ses premières leçons de piano d'une tante, Julia Sibelius. C'est au contact de son oncle Pehr violoniste amateur, qu'il découvre l'instrument pour lequel il écrira un célèbre concerto et de nombreuses pièces avec orchestre, le violon. À dix ans il écrit au piano sa première œuvre Gouttes d'eau. En 1876, dans un contexte social qui promeut la culture finnoise, ses parents l'inscrivent dans une école où les cours sont en finnois. Il poursuit ensuite sa scolarité au lycée normal de Hämeenlinna jusqu'en 1885.
C'est pendant cette période, vers 1880, qu'il entreprend d'étudier sérieusement la musique. Il prend ses premiers cours de violon avec le chef de la musique militaire Gustav Leander ; ayant acquis une certaine technique, il se met à jouer de la musique de chambre avec son frère et sa sœur et dès 1883 s'essaie à la composition avec un trio.
Il fait une rencontre importante avec le virtuose du piano Ferruccio Busoni qui impressionne tant Sibelius qu'il renonce définitivement à l'idée de devenir un jour soliste virtuose du violon. Étudiant en droit peu studieux à l'université impériale Alexandre à Helsinki, il s'inscrit à l'institut de musique de Martin Wegelius en classe de violon où il suit les cours de Mitrofan Vassiliev. Sibelius dès lors se tourne définitivement vers sa passion, la musique. Il compose sa première œuvre d'importance, un quatuor en la mineur qui récolte un succès certain lors d'un concert public.
Il travaille aussi l'harmonie avec Wegelius, mais faute de classe d'orchestration, Sibelius reste encore cantonné dans un environnement de musique de chambre. Il se rend à Berlin pour étudier avec Albert Becker de 1889 à 1890 ; il a l'occasion d'écouter les concerts du grand chef d'orchestre allemand Hans von Bulow qui joue Richard Strauss et Antonin Dvorak ; dans cette ville qu'il trouve trop bruyante à son goût, il y compose un quintette pour piano et cordes. De retour en Finlande, il écrit son quatuor à cordes en si bémol majeur. L'année suivante, il part pour Vienne pour travailler avec Karl Goldmark de 1890 à 1891.
Il sollicite une entrevue avec Brahms qui ne répond pas. Mais c'est la révélation de la musique deAnton Bruckner avec sa troisième symphonie qui sera le fait marquant de ce voyage. L'année 1890 marque un tournant dans sa vie de compositeur. Il compose ses premières œuvres pour orchestre, une simple ouverture, certes imparfaite, mais avec « beaucoup de bonnes choses »3selon l'avis de son professeur et une scène de ballet. Il s'intéresse de plus en plus aux mythes et légendes finlandaises comme le Kalevala écrit par Elias Lönnrot et s'oriente dès lors de plus en plus vers un art authentiquement finlandais dans ses racines et ses références nationales, «tout ce qui est finlandais m'est donc sacré, le monde primitif finlandais a pénétré ma chair et mon cœur» écrit-il à Aino4
Il travaille à sa première composition symphonique Kullervo. Il échoue à devenir violoniste dans lePhilharmonique de Vienne. De retour à Helsinki en 1892, il épouse Aino Järnefelt et compose ses premiers Lieder. L'année suivante, il écrit son premier poème symphonique En saga teinté de couleurs d'Islande5, quelques pièces pour piano dont la sonate en fa majeur op. 12 et des impromptus.
C'est à cette époque que se manifeste un penchant pour la boisson. En 1893, il s'attelle à un projet d'opéra La Construction du bateau dont le livret s'inspire du Kalevala. « Trop lyrique, pas assez dramatique » jugeront certains6, le projet sera abandonné. Il écrit une musique de scèneKarelia en hommage à la Carélie, province peu industrialisée et sauvage7, berceau de nombreux chants populaires. En 1894, il se rend à Bayreuth pour écouter la musique de Richard Wagner : le choc artistique est fort. Subjugué par Parsifal et Tristan et Isolde il est dans un premier temps conquis par le génie wagnérien puis s'en détache pour finalement se rapprocher de l'univers musical de Franz Liszt tel qu'il se traduit dans la Faust-Symphonie. En 1895, de retour enFinlande, après un détour par l'Italie, il compose une œuvre orchestrale d'envergure la suite Lemminkäinen op. 22 dont l'une des parties, « Le Cygne de Tuonela », devait connaître un succès immense.
En 1896, il compose le seul opéra de sa carrière, en un acte, La Jeune Fille dans la tour qui ne sera joué que trois fois à Helsinki. Bien que plébiscité, il échoue à obtenir le poste de professeur de musique à l'université d'Helsinki suite à l'intervention du chef d'orchestre finlandais Robert Kajanus auprès de l'administrateur russe à Saint-Pétersbourg. Le commentaire du jury ne laisse aucun doute à ce sujet « en la personne de Sibelius est donné à notre pays un musicien dont le riche talent dépasse tout ce que notre musique a pu produire jusqu'ici »8. En 1897, il compose la musique de scène pour la pièce le Roi Christian II.
De retour à Berlin au printemps 1898, il signe un contrat avec le célèbre éditeur allemand Breitkopf & Härtel. En août, le tsar Nicolas IIpublie le Manifeste de février qui prive la Finlande de tout droit à l'autonomie. En réaction, Sibelius compose le Chant des Athéniens dans lequel la Russie est comparée aux Perses primitifs de l'Antiquité.
En 1899, il fait jouer sa première symphonie op. 39 qui reçoit un accueil triomphal. Sa musique opère pour la première fois une synthèse réussie entre son style « primitif » et les exigences de la symphonie postromantique. La police tsariste accentuant sa répression en instaurant la censure et en supprimant des journaux, la riposte s'organise autour d'une célébration pour la presse spectacle chorégraphique pour lequel Sibelius écrit une musique de scène en 7 tableaux. Afin de présenter une musique emblématique de la Finlande à l'exposition universelle de 1900, Sibelius en reprend des extraits pour composer Finlandia. Début 1901, il s'installe avec sa famille en Italie où il travaille sa deuxième symphonie op. 43. Il fait la rencontre d'Antonin Dvorak et de Richard Strauss au festival de Heidelberg. La rencontre est des plus amicales, Sibelius note «il s'est montré très aimable et m'a parlé de ses œuvres avec la plus grande franchise»9
L'année suivante, en 1902, l'exécution de la deuxième symphonie obtient un vrai triomphe public. Puis il s'attèle à l'une de ses œuvres emblématiques, son Concerto pour violon et orchestre op. 47, enchaîne avec une musique de scène Kuolema (la mort), qui contient la célèbre « Valse triste ». En 1903 pour échapper à l'atmosphère pesante de la capitale, il se fait construire une villa au nord d'Helsinki qu'il baptise du nom de sa femme Ainola et où il s'installe définitivement avec sa famille quelques mois plus tard. Ses problèmes avec l'alcool ne s'estompent pas. Il confie à son frère Christian « tu vois, mon penchant pour la boisson a des racines très profondes et très dangereuses »10. En février 1904, il dirige son concerto pour violon qui reçoit initialement un accueil public plutôt chaleureux mais devant le peu de succès rencontré lors des représentations suivantes, Sibelius décide de le réviser. Le Grand-duché de Finlande, qui appartient à l'Empire russe depuis 1809, est, à partir de 1898, sous la coupe autoritaire du gouverneur général du duché, le général russe Nikolaï Bobrikov dont les pouvoirs en 1903 ont pris une forme absolutiste. En juin il est assassiné par un jeune patriote finlandais Eugène Schauman pour lequel Sibelius écrira en 1909 une marche funèbre In memoriam.
Sa deuxième symphonie suscite à Berlin l'année suivante des réactions plutôt contrastées tandis que sa nouvelle composition Pelléas et Mélisande d'après Maurice Maeterlinck rencontre un franc succès. C'est l'heure de la découverte des œuvres de ses contemporains. Il s'émerveille devant la musique de Claude Debussy, se passionne pourArnold Schönberg, s'enthousiasme pour le grand orchestre de Richard Strauss. En octobre son concerto pour violon dans sa version définitive est donné à Berlin avec Richard Strauss à la direction. Si la critique est favorable, l'accueil du public est en revanche plutôt réservé. Il enchaîne avec une nouvelle œuvre inspirée du Kalevala, La Fille de Pohjola op. 49 suivie en 1907 de la troisième symphoniequi ne suscite pas d'enthousiasme populaire.
Sa rencontre amicale avec Gustav Mahler, qui apprécie sa musique, met en lumière deux visions de la musique radicalement différentes. Pour Gustav Mahler, la musique doit embrasser tout l'univers, pour Sibelius en revanche, cela doit être le dépouillement, l'ascèse, l'expression rigoureuse de l'essentiel, l'art du non-dit et de l'aphorisme. En 1908, Sibelius, qui se remet difficilement d'une opération pour un cancer à la gorge, entame l'écriture d'un nouveau poème symphonique Chevauchée nocturne et lever de soleil puis termine l'année suivante son quatuor à cordes Voces intimae, œuvre d'un caractère sombre et douloureux.
Tradition et modernité
L'année 1910 verra naître une œuvre maîtresse de la musique moderne, fascinante et intemporelle, laquatrième symphonie op. 63, achevée en 1911. Partout où elle est jouée c'est la réserve, l'incompréhension et même l'hostilité. En septembre il achève une suite d'orchestre Scènes historiques où il reprend des thèmes d'une musique composée en 1899 en l'honneur de la presse finnoise. Il se rend à Berlin puis à Paris où sa musique reste encore peu jouée.
De retour chez lui en Finlande, il traverse une période de dépression mais le printemps suivant se remet promptement à la tâche en terminant L'Amant, chanson pour cordes et timbales, et en travaillant sur la suite Scènes historiques II. Accablé depuis longtemps par les soucis financiers, il reçoit avec intérêt de l'académie de musique de Vienne l'offre pour un poste de professeur de composition. Finalement il y renonce préférant se consacrer entièrement à l'écriture musicale.
Il a pas moins de deux symphonies en chantier, la cinquième et la sixième symphonie. Le 29 mars 1912 sont données en première audition les Scènes historiques, c'est un grand succès. Trois sonatines pour piano verront le jour peu après puis il part pour l'Angleterre où en octobre il dirige sa quatrième symphonie qui reçoit un accueil des plus enthousiastes.
À Helsinki en 1913 est joué son nouveau poème symphonique le Barde qui récolte les éloges tandis que saquatrième symphonie boudée par les Viennois et l'Amérique est en revanche acclamée par le public finlandais. Durant l'été il compose un ouvrage ambitieux de longue durée une symphonie lyrique Luonnotar(fille de la nature) pour soprano et orchestre; de la même année date Scaramouche écrit pour le Théâtre royal du Danemark.
Au printemps 1914 il se rend aux États-Unis sur l'invitation de Horatio Parker qui lui commande une nouvelle œuvre pour le festival de musique de Norfolk les Océanides, c'est enfin le succès sans réserves et la reconnaissance outre-atlantique du « génie sibélien », consécration suprême il est fait docteur honoris causa de l'université Yale. Un projet de grande tournée américaine est envisagé mais l'attentat à Sarajevosonne le glas de la paix en Europe. C'est la Première Guerre mondiale et pour Jean Sibelius quatre années d'isolement et de solitude.
Les années de guerre
Un voyage à Göteborg en 1915 sera l'une des rares occasions pour Sibelius de renouer le contact avec le monde extérieur et son public. Il travaille ardemment sur sa cinquième symphonie et c'est en apercevant des cygnes voguer sur un étang qu'il trouve tout exalté par sa découverte le thème du finale. Le 23 mai sa fille ainée Eva11 donne naissance à une petite fille, et l'auteur de En saga devient grand-père. Le 15 aout dans son journal il note: « je suis si pauvre, si pauvre que je suis obligé d'écrire de petites pièces. »
Le 8 décembre 1915, la représentation de la cinquième symphonie à la bourse d'Helsinki donne lieu à une soirée des plus officielles où Sibelius est unanimement reconnu comme le porte-flambeau de la musique finlandaise. Suite à la défection américaine, les soucis d'argent s'aggravent et des amis parmi lesquels la chanteuse Ida Ekman organisent dans l'urgence une grande collecte nationale à son profit. Durant l'été 1916, il retravaille la cinquième symphonie et à sa première audition à Helsinki les critiques sont si vives qu'il décide de la réécrire ; entre temps il compose une musique pour la pièce de théâtre Everyman. Son penchant pour la boisson crée de telles tensions avec son épouse Aino qu'il envisage le divorce mais en 1917 les bruits de la Révolution russe et les espoirs de liberté qu'elle fait naître pour les finlandais occupent dès lors tous les esprits. À l'actif du compositeur s'ajoutent Humoresques et un cycle de mélodies op. 88.
La situation politique finlandaise se dramatise: les gardes Rouges pro-russes sont prêts à en découdre avec les gardes civils Blancs nationalistes. Pour Sibelius, en composant une musique sur un texte de Heikki Nurmio, Jääkärien marssi (Jägers March, la Marche des chasseurs), la cause est entendue : la Finlande. Les événements se précipitent, le 7 novembre 1917 le gouvernement de Kerenski à Moscou est renversé, les Soviets prennent le pouvoir et deviennent les nouveaux maîtres de l'Empire russe. Alors que le 15 novembre la Finlande annonce au nouveau pouvoir des Soviets sa volonté d'indépendance, le Parlement finlandaisdéclare être seul dépositaire du pouvoir suprême sur le pays. Le 6 décembre 1917 la Finlandeest officiellement indépendante.
La Finlande libre
Le 18 Sibelius écrit : « je suis malade et incapable de travailler, mais dans ma tête j'ai la cinquième et sixième symphonie ». Déprimé il pense un temps au suicide mais se ravise en pensant à Aino et aux enfants. En janvier 1918, les Gardes rouges s'emparent du pouvoir; la censure est installée ; des troupes nationalistes ont attaqué des garnisons rouges, c'est la guerre civile, Sibelius est placé en résidence surveillée, puis se réfugie chez son frère. C'est le temps du rationnement et Sibelius perd beaucoup de poids.
En avril 1918, les Gardes rouges sont vaincus, après les réjouissances de la liberté retrouvée, en ce printemps Sibelius s'active toujours sur la cinquième symphonie qui ne cesse d'être remaniée. Fin avril après d'incessantes retouches et révisions la symphonie est enfin achevée; en juin 1919 il part avec Aino au Danemark et au retour sa cantate Sang Jordens est donnée à la nouvelle académie d'Åbo. En novembre est jouée la cinquième symphonie, c'est le triomphe. Il s'empresse dès lors d'écrire la sixième symphonie. En 1920 il compose la Valse lyrique et durant l'été dirige ses œuvres à la première foire industrielle de Finlande.
La consécration
Reconnu dans la sphère anglo-saxonne comme l'un des compositeurs majeurs de ce début de siècle, les offres affluent. La Eastman School of Music aux États-Unis lui propose un poste de professeur et Londres le sollicite pour être chef d'orchestre invité. Il accepte la dernière. Sur le plan matériel pour ses cinquante-cinq ans quelques patrons finlandais lui font un don de 19 000 marks. L'année suivante il se rend à Berlin pour régler quelques menus détails de contrat avec son éditeur Breitkopf & Hartel puis fait une tournée réussie enGrande-Bretagne en y dirigeant ses grandes compositions. Il s'offre quelques moments de détente avec des amis en Norvège ; les concerts qu'il y donne sont chaudement salués puis il rentre en Finlande.
Il compose, il dirige, participe à quelques soirées bien arrosées. Pour Sibelius c'est un cycle perpétuel. Il termine la Valse chevaleresqueau printemps 1920, il apprend que son frère Christian est atteint d'un mal incurable qui finalement l'emporte le 2 juillet. En 1922 il devientfranc-maçon et compose de la musique rituelle pour ses frères de loge. En décembre on lui commande une Cantate de Noël, il décide en relisant des brouillons d'écrire un quatuor à cordes qu'il intitule Andante festivo. En 1938 il en tire un arrangement pour cordes et timbales. Début 1923, la sixième symphonie est enfin achevée et jouée devant un parterre d'auditeurs et de critiques conquis, il se rend àStockholm où il est ovationné puis se rend à Rome où amoindri et fatigué l'accueil est plutôt mitigé. En revanche à Göteborg, il est acclamé par le public suédois.
Sibelius travaille maintenant à sa septième symphonie. Pour calmer ses mains tremblantes il boit suivant en cela les avis des médecins. Il achève la partition de sa symphonie au printemps 1924, qu'il dirige à Stockholm avec succès. Il apprend avec douleur la nouvelle de la mort de Ferrucio Busoni puis après une tournée au Danemark, le tremblement de ses mains le force à envisager de mettre un terme à la direction d'orchestre.
À l'automne il compose la Fantaisie symphonique. En 1925 l'éditeur Hansen et le Théâtre royal danoissollicitent Sibelius pour une musique d'accompagnement de la pièce la Tempête de William Shakespeare. Il y travaille activement et la première audition est présentée au printemps 1926. À l'occasion de ses soixante ans est organisée une collecte nationale qui rapporte 275 000 marks à Sibelius, ajoutée à cela une pension d'État de 100 000 marks, Sibelius est désormais à l'abri du besoin.
Au début de l'année 1926, l'Orchestre philharmonique de New York lui passe commande d'un poème symphonique d'une vingtaine de minutes. Ayant accepté il part pour Rome afin de s'y consacrer. À l'automne la commande est bouclée et elle s'appellera Tapiola. On la joue à New York où elle reçoit un accueil mitigé de la part des critiques. Début 1927 il écrit sa Massonic Ritual Music op. 113 ou (Musique religieuse). Pendant l'été, il met la touche finale à sa musique de scène pour La Tempête.
La symphonie no 8
Au début de 1928, il part pour Berlin dans le but résolu d'écrire une nouvelle symphonie mais c'est d'abord une petite pièce chorale le Gardien du pont qui voit le jour puis se met au travail à une 8e symphonie. En 1929 il écrit cinq esquisses op. 114, une sonate pour violon et piano op. 115. Il met en chantier un op. 117 mais aucun éditeur ne s'étant proposé de publier la partition, Sibelius la délaisse. Sibelius ne devait plus jamais proposer à l'édition d'œuvres nouvelles achevées.
Il ne cesse pas de composer et en 1930 il produit une œuvre pour chœur d'hommes et piano Fate Carélie. En 1931, il écrit une pièce pour deux pianos et une pièce pour orgue Surusoitto. Son travail sur la symphonie progresse mais il est victime d'une grave attaque depleurésie pulmonaire. On essaie une nouvelle thérapie qui faillit lui couter la vie. Il récupère mais n'a plus envie de composer quoi que ce soit. Il écrit à Serge Koussevitzky12 qui doit créer l'œuvre qu'il y travaille toujours et qu'elle sera achevée en 1932. Mais en janvier 1932 nouveau message où il annonce laconiquement au chef d'orchestre « pas de symphonie cette année ».
En 1933 la symphonie se fait toujours attendre. Pourtant il confie à un ami qu'elle est sur le point d'être terminée. Il remet un feuillet de 23 pages à son copiste pour la transcription, puis plus rien. Il se consacre désormais à la révision de ses anciennes compositions et les fait éditer. En 1939 il écrit une nouvelle version de la Suite Lemminkäinen. En janvier 1939 il retrouve la baguette de chef d'orchestre pour diriger l'orchestre Radio symphonique finnois.
En 1940 Martti Paavola13 invité chez Sibelius aperçoit dans un coffre laissé ouvert des partitions. Le conflit mondial est l'occasion pour l'Allemagne nazie de renforcer ses liens culturels avec la Finlande au point que sur une requête du ministre des Affaires étrangères finlandais, Joseph Goebbels, ministre de la propagande, décide de créer la Société Sibelius en Allemagne. Dans un message de remerciement radiodiffusé, Sibelius évoque l'Allemagne comme la terre glorieuse de musique. Il condamne un an plus tard dans son journal la politique raciale menée par le régime hitlérien. En 1942 il écrit des arrangements sur des chants de Noël. Sibelius ne renonce pas à terminer la 8e symphonie. En aout 1945 il avoue avoir à de nombreuses reprises achevé la 8e symphonie, mais qu'à chaque fois, insatisfait il jette tout au feu14.
Le chant du cygne
Il compose en 1946 deux pièces de musique rituelle maçonnique Veljesvirsi et Ylistyshymni pour chant et harmonium15. En 1948 il réarrange Skidspårt ensamt ett (une piste de ski solitaire) pour récitant, harpe et cordes. Ses contacts avec le monde extérieur peu à peu se raréfient sauf à l'occasion d'un festival de musique les semaines Sibelius à Helsinki au cours duquel il reçoit à Ainola quelques invités de marque comme les violonistes Yehudi Menuhin, Isaac Stern, les chefs d'orchestre Eugene Ormandy ou bien Thomas Beecham. À l'occasion de ses 85 ans, en décembre 1950, le président finlandais Juho Kusti Paasikivi lui fait l'honneur de se rendre en visite officielle chez lui à Ainola. En 1951 il écrit un arrangement de son op. 91b Marssi partiolaisten pour deux voix de femme et piano et en 1954 à l'âge de 89 ans il réarrange un cantique de Noël Julvisa pour chœur d'enfants et pendant l'été 1957, il dicte à Jussi Jalas16 la musique d'un arrangement sur Valitus kullervon pour baryton et orchestre. Le 20 septembre 1957 Jean Sibelius se retire définitivement dans le silence après une vie entière consacrée à composer de la musique.
Notes et références
↑ Comme d'ailleurs Runeberg. Deux langues officielles en Finlande, le finnois nettement majoritaire et le suédois qui à l'époque représentait près de 20 % des Finlandais et seulement moins de 6 % aujourd'hui.
↑ En 1889, il découvre dans un tiroir des centaines de cartes de visite au nom de Jean Sibelius, en fait un oncle qui a francisé son prénom Johan en Jean. C'est devenu une coutume à la fin du XIXe siècle dans les pays nordiques. Pour cette raison il garda le prénom Jean
↑ Marc Vignal, Sibelius, Fayard 2004, p. 121
↑ Marc Vignal, Sibelius, Fayard 2004, p. 132
↑ Marc Vignal, Sibelius, Fayard 2004, p. 193.
↑ Marc Vignal, Sibelius, Fayard 2004, p. 203
↑ le peintre Pekka Halonen a peint en 1899 terre sauvage de Carélie
↑ Marc Vignal, Sibelius, Fayard 2004, p. 248
↑ Marc Vignal, Sibelius, Fayard 2004, p. 313
↑ Marc Vignal, Sibelius, Fayard, 2004, p. 350
↑ Sibelius a quatre filles : Eva, Margareta, Katarina et Heidi
↑ Chef de l'Orchestre symphonique de Boston
↑ Martti Paavola, 1898-1990, est un pianiste, compositeur, critique et pédagogue finlandais. Il a enseigné le piano à l'Académie Sibelius. Il se lia d'amitié avec Sibelius
↑ Aino Sibelius confie à Erik Tawaststjema, dans les années 1940, Sibelius a brûlé des partitions
↑ ces deux pièces sont les toutes dernières compositions originales de Sibelius
↑ Jussi Jalas né en 1908, mort en 1985, chef d'orchestre finlandais, est devenu le gendre de Sibelius en épousant sa fille Margaret
↑ Lucien Rebatet, écrivain proche des milieux collaborationnistes, l'appelait le « plus ennuyeux des musiciens sérieux », et René
Leibowitz compositeur qui a fait connaître Arnold Schönberg en
France, lui a consacré un essai intitulé: « Sibelius, le plus mauvais compositeur du monde »
↑ Timothy L. Jackson, Veijo Murtomaki, Sibelius Studies, Cambridge University Press, 2001 Wikipedia

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