Biographie

  • Années d'activité

    2002 – aujourd'hui (22 ans)

Nox est un groupe majeur de la première génération de groupes industriels français.
Le groupe a été créé par Gerome, qui en fut le pilier et seul membre régulier depuis sa création. A la fin des années 70, il participe d'abord à plusieurs groupes dont les influences vont du Krautrock allemand (Neu, Can…) à la première vague du mouvement punk. Etudiant aux Beaux Arts, Gerome aborde la musique avec un état d'esprit différent, déjà désireux d'utiliser le son comme une matière, et c'est un punk expérimental que proposent les premiers projets où il s'implique. Il est vrai qu'en France, le punk revêt un côté bien plus arty qu'en Angleterre (où il est plus tourné vers des revendications sociales ) et on retrouve dans ce mouvement pas mal de personnes issus des arts plastiques ou de la peinture.
Gerome découvre ensuite la musique industrielle avec Cabaret Voltaire et Throbbing Gristle, et désire ouvrir plus amplement ses compositions à l'expérimentation. Avec Arno (guitare, voix) et Cécile Babiole (basse, voix, percussions), Nox naît réellement en 1982 à Metz. Le groupe existe depuis à peine deux répétitions quand il livre sa première performance et ce concert extrême et primitif les incite à continuer.
Le nom du groupe, bien que voulant dire La Nuit en latin, est surtout choisi pour sa sonorité courte, percutante et prononçable partout dans le monde. Une notion que l'on retrouve aussi dans les vocaux, car bien qu'il y ait toujours eu des textes, ceux-ci étaient triturés pour ne plus suggérer qu’une forme phonétique. En parallèle le logo du groupe apparaît, inventé par Cécile et mis en forme par Gerome ; les trois personnages se rapprochent de l'art africain, une influence réelle dans le groupe, que l'on retrouve aussi dans les programmations répétitives et tribales de la boite à rythme.
En 1983, Nox participe au festival Nuit & Brouillard à Paris, avec Die Form, Berlinerluft (premier projet commun de Pacific 231 et Vox Populi), Whitehouse, Psychic TV (mais tardivement annulé), Art & Technique et Sprung Aus Den Wolken. Nox était d'ailleurs connu pour être très exigeant conçernant ses prestations lives, et intégrait comme Einstuerzende Neubauten à ses débuts, des percussions métalliques constituées d'objets divers récupérées dans la rue, le jour même du concert.
Nox s'installe à Paris et autoproduit sa première cassette en 1984. "Acte 1" est le fondement musical du groupe : une transe urbaine énergique et hypnotique, à base de rythmiques linéaires, de guitares abrasives et de voix rituelles.
Arno se retire ensuite du groupe, mais Cécile et Gerome rencontrent Laurent Perrier au premier concert de Sonic Youth à Paris en 1986. Celui-ci s'implique très vite dans le groupe en tant que second guitariste, percussionniste et chanteur, et participe rapidement à l'enregistrement du disque en cours, qui sort sur le label berlinois Dossier Record. Le LP Session 84-86 comporte ainsi une face datant de 1984, à l'époque où Arno officiait encore dans le groupe, et une seconde avec ce nouveau line-up. Tout en restant répétitive et tribale, la musique s'étoffe, notamment grâce à l'accès à des moyens techniques plus importants.
Comme d'habitude, chaque base de morceau est toujours retravaillée par le groupe en entier et la manière de composer reste alors collective. Le radicalisme sonore de Nox s'accentue avec cet opus, et peut se rapprocher de certains titres des Swans.
En 1988 sort le vinyl "Crowd 33/45 RPM" sur le label nancéen Permis De Construire. Pour privilégier certains morceaux, une face du disque y est pressée en 45 tours (comme pour un maxi), améliorant ainsi le son grâce à un sillon plus large puisque gravé sur une plus grande surface. Cet album est plus mélodique, adouci par de nombreuses sonorités acoustiques.
En 1989 ressort en LP la première cassette, remixée et renommée "Acte 1 : Back To The Roots ! ". Comme à l'origine les voix avaient été directement enregistrées pendant le mixage, elles ont du être refaites intégralement pour cette réédition, Gerome réenregistrant aussi celles précédemment réalisées par Arno.
Cette même année, rencontré par le biais de Permis De Construire où il était aussi signé, Laurent Pernice intègre Nox en tant que percussionniste.
Le CD "Live à la Manufacture" sort également chez Permis De Construire Deutschland et, bien que simplement enregistré sur un walkman stéréo, ce disque transpire de l'énergie tribale brute et envoûtante que le groupe dégage en live. Leurs performances sont confrontation et engagement, et si jamais il y a un message chez Nox, c'est par la musique qu'il passe. L'essence de la révolte y est exprimée de façon énergique et binaire, remettant ainsi en question une certaine forme de modernité en y insufflant des notions de brutalité et d'instinct premier.
Toujours en 1989 sort le LP 25cm "Rut" chez Odd Size, auquel seuls Laurent Perrier et Gerome participent. Quasiment instrumental, l'album développe des climats froids et oppressants, la priorité est donnée à des nappes sonores puissantes et hypnotiques, peuplées d'innombrables guitares.
En 1990 sort le dernier opus du groupe, "Killin' Drive Power", en hommage à JG. Balard (auteur du livre « Crash ! » …) qui sonne plus rock, lourd et lancinant, voire avec une teinte à la Ministry. Une énergie incendiaire pour un album qui marque également l'apparition du mot, mais qui ne retire rien à la puissance du cri.
Cécile Babiole arrête le groupe pour s'impliquer définitivement dans ses propres projets audiovisuels et, Nox ne se produisant plus trop en live, Laurent Pernice (dont c'était une motivation majeure) le quitte aussi. Réduit à l'état de duo, le groupe enregistre un disque qui ne sortira finalement jamais, et Nox s'arrête définitivement en 1994.
La fin de l'aventure du groupe marque pour Gerome le début d'une période de remise en question, afin d'appréhender une nouvelle façon de travailler le son, et comme plusieurs anciens de la scène industrielle, sa musique évolue vers une pratique plus électronique.
Il débute aussi, à partir de 1996, des collaborations pour des spectacles de danses on remarque celles avec Emmanuelle Huynh ou Christian Rizzo.
En 2001 sort sous le nom Gerome Nox le CD "Blood Red Poppies" chez Moloko+. La présence de vrais musiciens, avec Gerome Nox bien sûr (à la guitare et au chant) où encore le bassiste Amadou Sall (ex-Treponem Pal) sur plusieurs titres amène une certaine sensualité analogique à cet opus. Cet album-concept basé sur l'univers des tueurs psychopathes développe les morceaux comme des bandes originales de films imaginaires. Les atmosphères y sont glauques et l'utilisation subtile de l'électronique apporte une dimension nouvelle aux compositions, orchestrées d'effets sonores fouillés et agrémentées de dialogues samplés. On passe allégrement de titres durs et industriels à des morceaux plus atmosphériques.
En 2003, sous le nom de G-Nox sort "Ventre" chez M-Tronic, un album évoquant les flux corporels et l'univers énergique bouillonnant qui nous habite. Entre ambient et dark-techno, dans l'esprit des travaux de Vromb mais en moins clinique, cet opus rappelle aussi certaines ambiances de chez Cold Meat Industry, mais en moins lyriques.
Avec ses collaborations live sur des spectacles, Gerome Nox poursuit finalement une manière de composer que Nox avait déjà expérimentée : les compositions résultaient de longues improvisations enregistrées ou bien elles étaient éprouvées plusieurs fois en live, puis sélectionnées ensuite jusqu'à obtenir l'essence finale du morceau.
De son côté, après avoir arrêté Nox en 1992, Cécile Babiole se consacre à la réalisation de clips et à l'animation en images de synthèses, avec une démarche de plasticienne autant que de vidéaste.
Elle réalise de nombreuses performances, créé plusieurs installations pour des festivals internationaux et participe à Sensors Sonics Sights, un projet live privilégiant les manipulations en temps réel de l'image et du son.
En 2005 sort chez Optical Sound "Crumple Zone", un DVD qui explore avec ironie les codes de représentation en vigueur dans les logiciels de 3D. La modélisation, l'animation des volumes, les principes de rendu des surfaces sont déconstruits avec désinvolture au travers de 34 courtes pièces sonores dans lesquelles des porcelets en images de synthèse se font encastrer, froisser ou retourner comme des gants.
Ses dernières installations mélangent hautes et basses technologies avec ironie, en interrogeant nos systèmes de perception de représentation ; ses interventions témoignent d'un regard inventif mais aussi dérisoire, sur nos corps en mouvement aux prises avec la technologie.

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